Fraîche

Publié le par Tamara


Plus le soir approchait, plus les ténèbres s’épaississaient, plus mes impressions, se transformaient, se mêlaient, et mes pensées avec. Je sentais quelque chose qui refusait de mourir au fond de moi, dans le fond de mon cœur, de ma conscience, qui s’obstinait à ne pas mourir, qui se traduisait en angoisse brûlante. […] J’aimais cette agitation à deux sous, ce prosaïsme insolent. Cette fois-là, la cohue de la rue m’énervait encore plus. Quelque chose montait, montait toujours du fond du cœur, me faisait mal, refusait de s’apaiser. Je rentrai chez moi complètement accablé.

COMME SI J'AVAIS,
JE NE SAIS PAS,
UN CRIME SUR
LA CONSCIENCE.

[...]

Le lendemain, j’étais de nouveau prêt à considérer tout cela comme des bêtises, nerfs en compote, et surtout – exagération. J’avais toujours été conscient de ce tendon d’Achille, et j’en avais parfois très peur : « J’exagère toujours, tout mon défaut est là », me répétais-je d’heure en heure. N’empêche, « n’empêche, quand même, Lisa, sans doute, elle viendra », voilà le refrain par lequel s’achevaient toutes mes réflexions. J’étais tellement inquiet que j’en arrivais parfois à la furie.

Elle viendra, elle viendra à coup sûr ! en courant dans ma chambre. Demain si ce n’est pas aujourd’hui, elle saura bien me trouver ! C’est ça le maudit romantisme de ces cœurs purs ! Ô la saloperie, la bêtise, ô la naïveté de ces « fichues âmes sentimentales » ! Et comment ne pas comprendre, c’est vrai hein ? on dirait, ne pas comprendre ?... » Mais là, je m’arrêtais de moi-même, et dans un drôle de trouble.

ET QU'IL EN FAUT PEU, MAIS PEU, ME DISAI-JE EN PASSANT, DES MOTS, ET QU'IL EN FAUT PEU, D'IDYLLE (ET UNE IDYLLE, ENCORE, DE POUDRE AUX YEUX, LIVRESQUE, INVENTÉE) POUR RETOURNER UNE ÂME COMME ON VEUT. LA VOILÀ, VOTRE VIRGINITÉ. LA VOILÀ, LA FRAÎCHEUR DE L'ORIGINE.

N.B. :

"IL EST DOMMAGE
QU'UNE FEMME
SOIT FAIBLE,
QU'ELLE
SE FATIGUE,
QU'ELLE
NE SUPPORTE PAS
LA DÉSILLUSION.

ELLE N'EN APPRÉCIE
QUE PLUS
UN SENTIMENT FRAIS,
UNE PAROLE VIVANTE,
ET, D'ABORD
ET AVANT TOUT,
LA SINCÉRITÉ."

Tout à fait en accord avec toi, cher Dostoïevski, chair de ma chair.


Publié dans Dostoievski

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