Miserere

"LES LARMES POUSSENT
 COMME DE L'HERBE
DANS MES YEUX"

GASTON MIRON

***
CHAQUE FOIS
QUE MON REGARD
SE POSE SUR TOI,
MON FRÈRE

SUR TOI,
L'ENFANT
BLESSÉ
QUI SOUFFRE
MILLE MORTS
LA MINUTE

UN OISEAU
MEURT
EN MOI,

CE MÊME OISEAU
QUI GAZOUILLAIT
DANS MES
YEUX PLUVIEUX,
  LA SECONDE
D'AVANT.

MAIS, MALGRÉ
 TOUTES
SES MORTS

J'AI AUTANT
D'OISEAUX
EN RÉSERVE
POUR TOI
QUE J'AI DE
COEURS.

UN JOUR
UN JOUR
MON FRÈRE
MON ENFANT

UN DE MES
OISEAUX
SE FORCERA
UN CHEMIN
JUSQU'À TON
CIEL D'ORAGES
(mes oiseaux ne craignent
pas les orages, ils s'y enfoncent,
tête baissée et ailes déployées)

COMME UN ANGE
TRAVERSANT
TES TÉNÈBRES

PEUT-ÊTRE,
TON ÂME
L'ENTENDRA-T-IL
TE CHANTER
DES MOTS
TENDRES

PEUT-ÊTRE
PEUT-ÊTRE
QUE SES AILES
T'INSPIRERONT
UNE SECONDE
AU MIEUX
QUELQUES
MINUTES
UN PEU DE LIBERTÉ
DANS TA CAGE
OÙ SE CACHENT
TANT D'HORREURS
PASSÉES ET...
À VENIR.

ET OÙ
TANT
D'ESPOIRS
SONT PRIS
EN OTAGE

SONT MIS
AU SUPPLICE
PRIS
AU SUPPLICE
DE LA GOUTTE.

Tamara